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paul eluard - Page 2

  • Anna K. lit Paul E.

    Un dimanche sans poésie, n’est pas un joli dimanche, n’est-ce pas ? Et de toute façon, il y a toujours une bonne raison d’en lire un, ou mieux encore, de l’entendre lu, divinement, par Anna Karina en l’occurrence.

    Quelques lignes parmi les plus belles, de Paul Eluard, tiré de Capitale de la Douleur, véritable Cor Cordium de la poésie à mes yeux.

    Cette lecture est tirée du film de Godard, Alphaville.


    Ta voix, tes yeux…
    Tes mains, tes lèvres…
    Nos silences, nos paroles…
    La lumière qui s’en va…
    La lumière qui revient.
    Un seul sourire pour nous deux.
    Par besoin de savoir,
    J’ai vu la nuit créer le jour sans que nous changions d’apparence.
    O bien aimé de tous,
    Et bien aimé d’un seul…
    Au silence de ta bouche
    A promis d’être heureuse.
    De loin en loin est la haine;
    De proche en proche est l’amour.
    Par la caresse,
    Nous sortons de notre enfance.
    Je vois de mieux en mieux la forme humaine
    Comme un dialogue d’amoureux,
    Le coeur n’a qu’une seule bouche.
    Toutes les choses au hasard,
    Tous les mots dits sans y penser
    Les sentiments à la dérive
    Les hommes tournent dans la ville.
    Le regard, la parole
    Et le fait que je t’aime.
    Tout est en mouvement.
    Il suffit d’avancer pour vivre,
    D’aller droit devant soi,Vers tous ceux que l’on aime
    J’allais vers toi, j’allais sans fin vers la lumière.
    Si tu souris, c’est pour mieux m’envahir
    Les rayons de tes bras entrouvaient le brouillard…

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  • Comprenne qui pourra

    L’autre soir, le souvenir de Gabriel Russier m’est revenu en tête, alors qu’on parlait d’Annie Girardot. Cette dernière avait joué son rôle, en quelque sorte, dans le film d’André Cayatte, Mourir d’ Aimer. Outre la très belle chanson d’Aznavour, cette histoire me remet en mémoire le poème de Paul Eluard, cité par Pompidou après le suicide de Gabriel Russier…

    Pour ceux qui ne savent pas, Gabriel Russier était une enseignante de 32 ans, tombée amoureuse d’un élève de 16 ans, elle a été incarcérée, puis s’est suicidée. Atroce histoire…

    A son décès Pompidou avait cité quelques vers d’un poème de Eluard, qui faisait référence aux femmes tondues de la libération, ces femmes « mal » tombées amoureuse…

    C’est ce poème que je vous propose aujourd’hui. L’amour est une force indépendante de notre volonté, n’est-ce pas ?  

     

    Comprenne qui voudra
    Moi mon remords ce fut
    La malheureuse qui resta
    Sur le pavé
     La victime raisonnable
    À la robe déchirée
    Au regard d’enfant perdue
    Découronnée défigurée
    Celle qui ressemble aux morts
    Qui sont morts pour être aimés

    Une fille faite pour un bouquet
    Et couverte
    Du noir crachat des ténèbres

    Une fille galante
    Comme une aurore de premier mai
    La plus aimable bête

    Souillée et qui n’a pas compris
    Qu’elle est souillée
    Une bête prise au piège
    Des amateurs de beauté

    Et ma mère la femme
    Voudrait bien dorloter
    Cette image idéale
    De son malheur sur terre.

    Paul ELUARD

  • Le sommeil de l'enfance s'achève en oubli, disait Victor Hugo

    Une année inconsidérée, j’ai décidé que j’étais prête pour avoir un enfant, que moi qui jurais ne pas vouloir être mère, j’avais changé d’avis.

    Il ne s’agissait pas d’avoir un enfant, mais de l’avoir lui. Il a mis presque trois ans à se décider, mais quand il est arrivé, je l’ai reconnu immédiatement, ce bébé était une évidence, la plus belle de toute.

    C’est curieux comme la minute d’avant on est une certaine personne, et la minute d’après on en devient une autre, celle qui n’imagine plus l’univers sans lui. L’inconnu devient indispensable, essentiel, vital, nécessaire.

    Et c’est curieux aussi, comme on a cette impression de le reconnaître, alors même qu’il vient de naitre. Quel est ce miracle ? N’y a-t-il que moi qui le connaisse ? Ça ne peut se renouveler, c’est impossible, il n’y a que moi qui puisse ressentir ça. Et pourtant…

    Je l’ai reconnu, à la seconde où je l’ai tenu entre mes bras. Dieu sait que ça n’a pas été simple. On ne me la confié que plus de 24h après sa naissance. Vingt-quatre heures à me demander à quoi il ressemble, si je l’aimerais, s’il m’aimerait aussi, et si je saurais m’en occuper.

    Vingt-quatre heures conclues par la plus belle rencontre de ma vie, ses petits doigts serrant les miens. Il était déjà trop tard, comment ne pas l’aimer, c’était lui que j’attendais, et qui est arrivé un 15 février, discrètement, sans ennuyer sa maman par un travail trop prolongé… Je fais partie de ces mères un peu béates (un peu bête ?) qui s’extasient sur la moindre minute de leur accouchement… Sept ans après, je m’émerveille encore de ce qui a été une promenade parfaite vers le statut de « maman », et je me dis que je suis la plus chanceuse de toutes, de l’avoir, lui, mon fils.

     

    Je vais voler à Paul Eluard ces quelques mots, qui expliquent si bien ce que je ressens à chaque fois que je le vois :

     

    Il fallait bien qu’un visage
    Réponde à tous les noms du monde.

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    C’est si simple, et si évident….

    Joyeux anniversaire à toi.
  • Poésie, ensuite

    La poésie et la chanson, c’est une belle histoire, qui s’écrit depuis longtemps, autour des notes des plus grands.
    On connaît tous au moins un poème d’Aragon ou de Prévert, et parfois même on connaît une interprétation qui nous touche. Jean Ferrat qui chante Aragon ou Yves Montand qui interprète Prévert, c’est une façon d’aborder la poésie, avec une émotion supplémentaire.  Une émotion qui traverse les générations et qui revit encore avec de nouveaux interprètes, certains même assez inattendu.


    La Bande des Mots, c’est un projet collectif, qui engage des artistes différents, autour de la poésie et de l’école. Cet album réunit des gens aussi divers que Oxmo Puccino, Luce, Claire Keim, Marc Lavoine, Camélia Jordana, Arthur H…

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    De belles voix sur de beaux mots, au profit d’une belle cause. En effet, ces interprétations du répertoire poétique, en plus de nous faire « réviser » nos plus beaux poèmes, soutiennent la lutte contre l’échec scolaire, et une partie des bénéfices du disque sera reversée à des associations qui aident les enfants en échec scolaire et les élèves handicapés. Voilà pour la forme. Pour le fond, on a affaire à de bien jolies surprises.


    Je suis du genre assez amatrice, en poésie, je vous saoule assez avec ça je crois :) c’est donc avec une oreille très attentive que j’ai écouté cet album.

    Je connaissais déjà certaines interprétation, comme celle de Françoise Hardy, sur le poème d’Aragon que j’ai posté hier ; je connais et adore aussi la version de Ferré, sur « Est-ce ainsi que les hommes vivent » du même Aragon. J’ai redécouvert avec plaisir Marc Lavoine chantant Guillaume Apollinaire :


     « Sous le pont Mirabeau coule la Seine
                Et nos amours
           Faut-il qu'il m'en souvienne
    La joie venait toujours après la peine
     
         Vienne la nuit sonne l'heure
         Les jours s'en vont je demeure
     
    Les mains dans les mains restons face à face
                Tandis que sous
           Le pont de nos bras passe
    Des éternels regards l'onde si lasse »

     


    Marc Lavoine - Le Pont Mirabeau
    la voix de Marc Lavoine sait trouver le petit endroit juste là où le cœur se met à battre...


    J’étais bien moins agréablement disposée à l’égard de Jenifer et de Luce, et je dois vous le confesser j’avais tort. Tort de les mépriser d’emblée parce qu’elles sont issues de télé crochet, tort de considérer qu’elles ne peuvent rien faire de beau. C’est faux et (et d’autant plus paradoxale que j’adore Camélia Jordana qui a aussi fait un télé crochet...)
    J’ai rangé mon snobisme et mon petit ton péremptoire et j’ai ouvert mes oreilles. Et c’est mon cœur qui s’est ouvert avec, tant l’interprétation de Luce du poème de Maurice Carême m’a tourneboulée (c’est moche comme mot, mais je n’en vois pas d’autre là...) J’aime ce poète, Maurice Carême, c’est par lui que j’ai découvert l’amour de la poésie et des mots à l’école. Je me rappelle comme si c’était hier (avant-hier on va dire..) de ma classe de primaire, et de moi me tenant debout au tableau pour réciter l’un ou l’autre de ses poèmes...

    "Il pleut doucement, ma mère,
    Et c’est l’automne
    Si doucement
    Que c’est la même pluie
    Et le même automne
    Qu’il y a bien des ans.

    Il pleut et il y a encore,
    Comme il y a bien des ans,
    Combien de cœurs au fil de l’eau
    Et combien de petits sabots
    Rêvant au coin de l’âtre.

    Et c’est le soir, ma mère,
    Et tes genoux sont là
    Si près du feu
    Que c’est le même soir
    Et les mêmes genoux
    Qu’il y a bien des ans.

    Il pleut doucement, ma mère,
    Et c’est l’automne
    Et c’est le soir, ma mère,
    Et tes genoux sont là.

    Prends-moi sur tes genoux, ce soir,
    Comme il y a bien des ans
    Et raconte-moi l’histoire
    De la Belle au bois dormant."


    Luce a posé un ton juste et émouvant sur chacun de ses mots.


    Quant  à Jenifer qui interprète "Je te l’ai dit pour les nuages", de Paul Eluard (et vous connaissez mon amour inconditionnel pour Eluard..) elle a réussi elle aussi à toucher la corde sensible…


    C’est peut-être la force de ces auteurs de susciter l’émotion, le talent des compositeurs d’avoir trouvé le bon accompagnement, il y aussi le talent de ces interprètes, et Oxmo Puccino qui ouvre l’album avec "Les Assis" de Rimbaud, est juste géant, parfait !


    Il y  a un site officiel pas mal fait du tout, avec des portrait de chaque interprète, des vidéos d’élèves commentant les œuvres choisies, plus d’infos sur les associations dont il est question, le projet global est bien expliquée, avec la petite page Facebook qui va bien.
    L’album sort le 6 février 2012 (ça fera une chouette ambiance musicale, quelque soit votre soirée du 14 février...)

  • Dimanche avec Paul Eluard

    Paul Eluard parle à mon cœur comme personne avant lui. Il n’est pas un moment de ma vie, que je n’ai pu assimiler à un de ces poèmes. Jours heureux ou jours de pluie, je trouve toujours quelques lignes chez lui pour accompagner ces moments.

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    Ce recueil, « J’ai un visage pour être aimé » contient des perles. C’est une jolie compilation de ces textes les plus beaux.

    Parmi ceux-là, Intimes, que voici.

    Je vous souhaite un joli dimanche poétique.


     

    INTIMES – In Les yeux Fertiles

     

             I

    Tu glisses dans le lit

    De lait glacé tes sœurs les fleurs

    Et tes frères les fruits

    Par le détour de leurs saisons

    A l’aiguille irisée

    Au flanc qui se répète

    Tes mains tes yeux et tes cheveux

    S’ouvrent aux croissances nouvelles

    Perpétuelles

     

    Espère espère espère

    Que tu vas te sourire

    Pour la première fois

     

    Espère

    Que tu vas te sourire

    A jamais

    Sans songer à mourir.

     

                II

    A toutes brides toi dont le fantôme

    Piaffe la nuit sur un violon

    Viens régner dans les bois

    Les verges de l’ouragan

    Cherchent leur chemin par chez toi

    Tu n’es pas de celles

    Dont on invente les désirs

     

    Tes soifs sont plus contradictoires

    Que des noyées

     

    Vient boire un baiser par ici

    Cède au feu qui te désespère.

     

                III

    Quel soleil dans la glace qui fait fondre un œuf

    Quelle aubaine insensée le printemps tout de suite.

     

                IV

    Figure de force brûlante et farouche

    Cheveux noirs où l’or coule vers le sud

    Aux nuits corrompues

    Pr englouti étoile impure

    Dans un lit jamais partagé

     

    Aux veines des tempes

    Comme au bout des seins

    La vie se refuse

    Les yeux nul ne peut les crever

    Boire leur éclat ni leurs larmes

    Le sang au-dessus d’eux triomphe pour lui seul

     

    Intraitable démesurée

    Inutile

    Cette santé bâtit une prison

     

                V

    Je n’ai envie que de t’aimer

    Un orage emplit la vallée

    Un poisson la rivière

     

    Je t’ai faite à la taille de ma solitude

    Le monde entier pour se cacher

    Des jours des nuits pour se comprendre

    Pour ne plus rien voir dans tes yeux

    Que ce que je pense de toi

    Et d’un monde à ton image

     

    Et des jours et des nuits réglés par tes paupières.

     

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